Découvrir que l’on est autiste n’est pas forcément évident, surtout si le diagnostic est posé tardivement, c’est-à-dire à l’adolescence ou à l’âge adulte. Décider d’en parler est quelque chose d’important et d’extrêmement personnel.
Voici donc un petit guide des erreurs à ne pas commettre si un proche décide de partager son diagnostic avec vous.
Petits avertissements…
Petit avertissement 1 : Si l’on parle du spectre de l’autisme, ce n’est pas pour rien. Je ne vais pas rentrer dans les détails maintenant, mais chaque autiste est différent. Cependant, je pense que pas mal de gens concorderont avec moi sur ces quelques points.
Petit avertissement 2 : Un peu plus polémique celui-là. Je sais qu’aujourd’hui on trouve beaucoup de tests en ligne et d’autres outils d’auto-diagnostic. Sans remettre en cause leur validité, quand dans ce post je parle de diagnostic, je fais référence à un diagnostic fait par un psychologue.
Réponse à chier numéro 1
Réponse à chier numéro 1 (surtout venant d’un neurotypique) :
Laissez-moi être clair : pour être officiellement diagnostiqué, il faut passer par un professionnel qui, après avoir obtenu une licence en psychologie (3 ans d’études), s’est spécialisé avec 2 ans de master en neuropsychologie. Il faut passer un bilan qui peut durer plusieurs mois et qui inclut des dizaines de tests, des centaines de questions et des entretiens avec vos proches. Ce bilan suit un protocole strict et son résultat est ensuite présenté à un médecin qui valide le diagnostic.
Donc, quand quelqu’un a été diagnostiqué, ce n’est pas juste une invention sortie de nulle part. Et si cette personne décide de partager le résultat avec vous, C’EST PAS POUR ECOUTER UNE ANALYSE À DEUX BALLES de quelqu’un qui N’A PROBABLEMENT PAS LA MOINDRE IDÉE DE CE QU’EST L’AUTISME et qui base sa réponse sur UN VAGUE FANTASME sorti de l’obscur souvenir d’une scène de film qu’il aurait peut-être vue il y a 30 ans ! BORDEL !
Une réponse que j’aurais aimé entendre est : “Ok, et comment te sens-tu ?”
Parce que oui, recevoir ce diagnostic est généralement important. Ça mérite un post à part entière, car recevoir ce diagnostic peut totalement changer le regard que l’on porte sur notre passé et sur nous-même.
Et quand tu trouves enfin une explication à quelque chose qui t’a mis mal à l’aise pendant des années voire des décennies, se voir catégoriquement refuser le peu de paix intérieure que tu viens d’acquérir par un coup de “la baguette magique de l’ignorance la plus totale”, ça fait chier. Ça fait même mal quand ça vient de quelqu’un de proche.
Bref, la prochaine fois que quelqu’un vous confie qu’il a été diagnostiqué autiste, ce serait cool de lui demander comment il vit cela. Et s’il s’agit d’un auto-diagnostic, écoutez-le et encouragez-le à obtenir une confirmation par un professionnel.
Réponse à chier numéro 2
Merci, c’est gentil. Mais déjà, je ne demandais pas à être jugé sur ce que j’ai accompli ou pas dans ma vie. Croyez-moi, je me juge suffisamment durement.
De plus, je pense que cela ferait plaisir à Elon Musk, Bill Gates, Albert Einstein, Tim Burton, Satoshi Tajiri, Nikola Tesla, Henry Ford, Jerry Seinfeld, Bobby Fischer, Charles Darwin, Anthony Hopkins, Steven Spielberg, etc… de savoir qu’ils ont QUAND MÊME réussi des choses dans leur vie…
Oui, les autistes ont des difficultés dans les interactions sociales et la communication (c’est l’une des caractéristiques de l’autisme…). Oui, ces difficultés peuvent être sévères pour un niveau 2 ou 3. Mais l’autisme n’est pas synonyme de handicap/retard mental (au sens médical du terme).
Au contraire ! Les Aspies (Asperger, désormais inclus dans le TSA niveau 1), peuvent avoir des QI largement supérieurs à la moyenne de la population. Et là je parle facilement de 120+ et 130+ sur l’échelle de WAIS IV. Pour remettre les choses en perspective, le QI moyen des Français est de 100 et moins de 9% de la population mondiale dépasse 120 (moins de 2,2% les 130).
Un autre exemple ? Jason Arday. Il n’a pas parlé avant 11 ans et ne savait ni lire ni écrire avant ses 18 ans. Aujourd’hui, il est le plus jeune professeur afro-descendant de Cambridge.
Donc, allons-y doucement sur les préjugés et la condescendance. Nous sommes différents, pas inférieurs.
Réponse à chier numéro 3
Exemple : Ces jours-ci, j’ai acheté un vélo d’occasion et une pédale en plastique a lâché dès mon premier tour (il n’était vraiment pas cher…).
Pour le coup, j’achète une paire de pédales en ligne, et alors que j’étais littéralement en train de me faire chier à tout démonter, mon autrement charmante épouse (sérieux) débarque, me regarde avec des yeux pleins de compassion et me dit : “Aaah, j’adore quand tu as un hyperfocus qui est utile…”
C’est mignon,… mais,.. juste non !
Je change une pédale parce que, bizarrement, pour se déplacer en vélo, il est recommandé de pédaler. Et, de manière absolument incroyable, il est beaucoup plus facile de pédaler quand tu as… des P*TAIN DE PÉDALES !!!
Donc non, ça, ça n’a rien à voir avec l’autisme. C’est juste qu’à près de 2€ le litre d’essence, ça me fait mal au fion de sortir la voiture pour aller à la boulangerie qui est à moins de 2 km ! Surtout quand je vois qu’on est en train de devenir des baleines tellement on bouffe sans faire de sport !
Non, une hyperfixation, c’est ce que j’ai actuellement avec le tir à l’arc. Ça oui. La quantité de matériel que j’ai pu lire, écouter et regarder depuis que j’ai commencé il y a 1,5 an est absolument phénoménale, je le reconnais. Et avant ça, c’était la photo, l’univers Marvel,…
Quant à l’hyperfocus, ce sont des moments d’extrême concentration. Pour que je rentre en d’hyperfocus, d’abord ça doit être sur un sujet que j’aime, et ensuite qui doit être suffisamment complexe pour maintenir mon attention pendant littéralement des heures par jour. Quand je suis hyperfocus, le monde s’arrête littéralement pour moi, plus rien n’existe à part les milliers de ramifications à explorer pour maîtriser dans les moindres détails le sujet que j’étudie.
Donc, non, le fait de vouloir rapidement changer une pédale pour utiliser un vélo, ça n’a rien à voir avec l’autisme. C’est juste une question pratique.
That’s all folks!
Un autre sujet qui est , à mon avis, intéressant d’éviter est celui de la “guérison”. L’autisme n’est pas une maladie, on ne guérit pas de l’autisme. Et si vous avez entendu parler du traitement ABA (Analyse Appliquée du Comportement), bon, je dirais juste que c’est un sujet compliqué et controversé que je ne peux ni ne veux aborder en quelques lignes.
Bref, amusez-vous bien et laissez-moi dans les commentaires ce qui vous a le plus énervé ou aidé lorsque vous avez partagé que vous étiez autiste.
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